Lina voilà venus
le temps d’un voyage éternel, hélas cette fois il y aura plus d’au revoir …
Cette fois c’est
irréversible et je t’avoue que je ne crois pas vraiment à ton départ ou du
moins je voudrais ne pas y croire …
J’ai essayé de
t’écrire une lettre ou des mots pour te rendre hommage mais à chaque fois je me
souviens qu’à chaque article ou statut que j’écrivais, c’est à toi que je
l’envoyais en premier pour avoir ton avis, donc là je bloque, et je bloque
surtout car je ne sais à qui devrais-je rendre hommage :
À Lina Ben
Mhenni la militante libre fidèle à ses principes jusqu’au bout ;
Lina que George
Moustaki avait oublier de nommer ; Lina la révolution permanente ;
Lina la fidèle qui ne trahi jamais sa cause ; Lina l’infatigable ;
Lina qu’on trouve dans tous les causes justes ; Lina le symbole de
l’humanisme et du patriotisme tunisien ; Lina la camarade persévérante,
intègre et courageuse ; Lina qui te parle des blessés de la révolution, de
la cause des femmes, de la lutte contre la corruption, des problème de santé
publique, des prisons et de la violence policière alors qu’elle agonise de
souffrance et de stress dans une salle d’attente de l’hôpital ; Lina la
camarade éternelle ; Lina qui ne pense jamais à elle ; Lina un
symbole d’altruisme et de persévérance ; Lina qui a sillonné tout la
Tunisie du nord au sud, tous ses rues, ses tribunaux ,ses hôpitaux et ses
prisons ; Lina qui après chaque moment de faiblesse ou de deuil apporte
une nouvelles énergie et un nouvel espoir …
Ou peut-être
Lina la sœur qui aime la vie, qui respire la joie de vivre ; Lina qui
milite contre tout le système, contre l’ordre établi, l’ordre moral et social,
les conservateurs, les islamistes et la maladie ; Lina qui tombe et qui se
relève, qui dort en agonisant pour se réveiller plus forte ; Lina avec son
grand cœur et sa grande bonté…
Lina qui a subi
la haine humaine pendant des années, elle a subi les menaces les diffamations
et les insultes aussi bien des adversaires que de son propre camp.
Lina qui n’avait
peur de rien, ni de la mort ni des autres, elle avait peur ne pas faire assez
pour honorer ses causes, les trahir ou d’oublier les plus démunis ; Lina
qui adore rire, chanter et danser.
La révolution a
perdu son symbole, le camp progressiste a perdu une camarade irremplaçable.
Quant à moi je suis inconsolable. J’ai eu une joie amère de voir tes
funérailles se faire comme tu le souhaitais, comme tu l’as souhaité. Une joie
car tu mérites ça et plus, amère car c’est ton départ, je me souviens un jour
ou tu as commencé à parler de ça et je t’ai interrompu ça je n’ai jamais voulu
penser à ça, et d’ailleurs ma chère même morte tu les dérange tu as été et tu
seras toujours le cauchemar des bourreaux et des réactionnaires.
Paix à ton âme,
ange des cieux et des terres révoltées.